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Ouvrez les esprits avec le voyage viticoles

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On dit bien que les voyages forment la jeunesse. En tout cas je pense que les voyages, aussi bien dans les différents marchés de vin que dans d’autres pays viticoles que la France, devraient faire partie de la formation de tout professionnel du vin, qu’il soit vendeur, producteur, enseignant ou journaliste. Pour ma part, je n’apprends jamais autant que lorsque je me déplace pour vivre des situations, problèmes, discours, cultures et personnes qui sont différents de ceux que je rencontre en France.

 

Deux récents voyages, au Liban et en Roumanie, m’ont encore renforcé dans cette opinion. Il est vrai que tout métier comporte sa part de répétition. Visiter le nième chai ou châine de mise en bouteille (surtout les chaînes de mise en bouteille!) peut parfois relever de la supplice de la goutte d’eau. Mais on ne sait jamais ce qu’on va apprendre au détour d’une salle ou d’un couloir, au coin d’une cuve ou entre deux barriques. Devant la répétition des visites, certains collègues deviennent blasés, comme deux confrères de la Revue de Vin de France que j’ai vu refuser de descendre du car pour visiter un nouveau winery au Chili lors d’un voyage tout frais payé. Cela me semble relèver non seulement de la goujaterie pure, mais d’une total absence de curiosité. Nous devons lutter contre ce genre de paresse, et j’avoue parfois y céder, toutefois à moindre degré.

 

Avant tout, c’est d’une ouverture d’esprit dont nous avons le plus besoin dans le monde du vin. J’en ai assez des stupides querelles de chapelle, de la division des vins en sous-groupes à l’infini, les bio machins et les bios trucs, les plus naturels tu meurs, et tout cela souvent présenté comme une sorte d’explication de tout, censé nous éviter de penser, voire de déguster pour faire notre propre opinion sur notre propre plaisir. Tout cela est aussi stupide que les vielles générations qui disaient n’aimer que le bordeaux, ou, au contraire, une génération actuelle de bars à vins qui refuse de lister des vins de bordeaux!

 

Une grande leçon de lucidité et de partage fut donné par le producteur italian Angelo Gaja, il y a quelques semaines, à un auditoire de vignerons indépendants français pas nécessairement acquis au discours d’un homme dont la réussite a pu créer de la jalousie ou de la méfiance. Il a dit deux choses en particulier qui m’ont frappé : qu’il fallait casser son poste de télévision afin de lire davantage et s’ouvrir à tout, et qu’il fallait respecter tout les autres producteurs de vin, y compris les industriels, car ils font tous un travail utile qui amène un public plus large vers le vin. A la fin de son discours, dans lequel il a aussi rendu hommage à son père et à Robert Mondavi, il a eu droit à un standing ovation. Gaja ne fut pas seulement applaudi pour ces talents d’orateur, mais pour son approche honnête et déterminé à des problèmes auxquels l’ensemble du monde du vin est confronté : la méfiance, voire l’antagonisme, de pouvoirs publics ; la nécessité de conquérir de nouveaux marchés ; la volonté de faire bien, chacun à sa mesure et sans détruire l’environnement ; la recherche difficile d’un équilibre entre pratiques traditionnelles et connaissances modernes qui, parfois, mettent en cause ces pratiques anciennes.

Pour revenir aux voyages, lorsqu’on voit les difficultés causées par certains environments politiques et économiques et la qualité des vins qui y sont néanmoins produits, cela nous apprend aussi à relativiser nos propres difficultés. La France a l’énorme chance d’exploiter des cépages qui sont connus dans le monde entier (et d’en avoir en réserve qui ne le sont pas encore). Ce n’est pas le cas de tous les pays viticoles, qui doivent choisir entre adopter des cépages dits « internationaux » ou défendre leur individualité avec des variétés inconnues en dehors de leur région et souvent difficile à prononcer dans d’autres langues. Surtout ce qui me frappe dans ces voyages est le nombre de personnes que je rencontre, amateurs ou professionnels, réellement passionés par le vin, ce qui l’entoure, et leur relation avec ce produit si particulier. Ils sont nos frères et soeurs et ils nous apprennent tous quelque chose. Respectons-les tous.